Dukan ? Plus Dukan ? Que va-t-on se mettre sous la dent ?
créé le 2018-01-11 - lu 9873 fois - aucun commentaire
Alors que tout semblait aller pour le mieux dans le monde des dukanettes, le père de l'incontournable méthode d'amaigrissement de perte de poids éponyme a vu récemment son régime battu en brèche par la faculté après la publication des résultats de l’étude NutriNet Santé sur les méfaits des diètes cétogènes.
Pour le pauvre docteur Dukan, passer ainsi du statut de pourfendeur de rondeurs à celui de retraité auto-radié du Conseil de l'Ordre des médecins relève du pur exploit à côté duquel la défaite de Sarkozy aux dernières présidentielles ferait presque pâle figure.
On en oublierait presque que la tourmente affecte autant le leader médiatique que la cohorte des autres régimes, Cohen, Montignac, Atkins, "soupe aux choux", substituts protéinés et consorts. C'est la rançon du succès.
Le temps de l'hyper-protéiné étant désormais révolu, quel nouvel avatar de régime va prendre la relève ? Quel va être le nouveau cheval de bataille des prescripteurs de régimes, journaux féminins et autres sites internet à succès dans le domaine ? Pour le moment c'est apparemment le grand vide.
Réapparaissent cependant les grands classiques du genre et les explications fallacieuses. Le corps humain aurait la capacité de "réagir en mode survie" à une restriction calorique sévère en "diminuant sa dépense calorique de manière quasi-définitive en prévision de la prochaine pénurie". Creuses tentatives d'explication du phénomène yoyo qui survient à l’arrêt de toutes les diètes cétogènes.
Dans la même veine, on apprend que les gens n'auraient pas le même métabolisme de base et, partant du constat (irréductible apparemment puisque "scientifique") qu'il faut nécessairement créer une dette calorique pour créer un amaigrissement, on pourrait augmenter ce fameux métabolisme basal en se mettant à l'exercice physique. Autant vendre du vent.
L'existence même de tels propos tient dans une méconnaissance profonde des concepts de base de la nutrition qu'il convient de rappeler.
En premier lieu, les fameuses calories. Elles sont employées à toutes les sauces : "Il faut dépenser des calories", "il faut diminuer les apports caloriques", "il faut augmenter les dépenses caloriques"… En fait on consomme des aliments qui contiennent des substances appelées protéines, glucides et les lipides. Le corps humain brûle principalement deux de ces substrats au sein de son métabolisme, les lipides et les glucides. Il ne brûlera les protéines qu'en cas de nécessité (diète glucidique) et encore, préférant les transformer en sucres pour compenser une carence d'apport de ceux-ci.
Maigrir signifie brûler des lipides.
Le métabolisme de base est variable suivant les gens. Eh oui… heureusement d'ailleurs. Le métabolisme basal est représentatif de la masse maigre c'est à dire de tout ce qui n'est pas gras (no-fatty mass). Perdre du poids aux dépends de cette masse maigre lors des diètes cétogènes fait chuter le métabolisme basal. Normal. Rien à voir avec une certaine "intelligence" du corps qui "diminuerait sa dépense calorique de manière quasi définitive en prévision de la prochaine pénurie". Faites faire un régime non agressif vis à vis de la masse maigre et le métabolisme basal est conservé.
Le phénomène yoyo, la belle histoire… Ce n'est qu'en toute logique que la masse maigre musculaire principalement revienne à sa valeur initiale lorsqu'un régime cétogène a été arrêté. Ce phénomène peut faire dire que l'individu est en bonne santé tout simplement.
Augmenter son métabolisme basal semblerait être une bonne solution. On peut le faire en prescrivant des extraits thyroïdiens avec les dangers que l'on connait depuis les années héroïques des premiers régimes des années 60. Quant à dire que l'on puisse l'augmenter en effectuant du sport c'est méconnaître la définition scientifique du métabolisme basal qui, précisément, représente la dépense énergétique du corps au repos le plus complet… Seule une augmentation de la masse maigre par l'intermédiaire d'une augmentation de la masse musculaire pourrait représenter une issue.