La choucroute
Lorsqu'on dit choucroute, l'on pense immédiatement Alsace. Pourtant,
le chou fermenté a fait un long périple avant d'arriver à Strasbourg
ou Colmar et y prendre ses lettres de noblesse, garni de viande de porc, de
lard et de saucisses. Le chou fermenté dans le vin, importé lors
des invasions mongoles et tartares, fut longtemps, avec le riz, la base de
la nourriture en Europe centrale. Lorsqu'elle parvint en Alsace, cette préparation
fut baptisée "surkrut" ou "sauerkraut" (signifiant "herbe
aigre") et ce nom lui resta au fil des temps.
Le chou, utilisé dans la choucroute, est un gros chou pommé à tête
blanche. Il est coupé en fines lamelles, grâce à un appareil à lames
qui ressemble à un rabot. Il est ensuite placé dans une vaste
cuve après avoir été salé. La cuve est alors hermétiquement
fermée pour
éviter tout contact avec l'oxygène de l'air. La fermentation à température
ambiante dure quinze jours à huit semaines. Ainsi fermenté, le
chou peut se conserver en cuve durant un an. L'addition de sel, provoquant une
fermentation lactique naturelle, en fait un aliment quasiment prédigéré renfermant
très peu de calories (90% d'eau). Riche en sels minéraux et en
fibres, le chou fermenté facilite le transit intestinal, et comme le yaourt,
contribue à un bon équilibre de la flore. Le fameux Capitaine Cook
en embarquait toujours en quantité pour garantir ses marins contre le
risque de scorbut.
La choucroute, en légume, laisse la porte ouverte à tous les
accommodements. Ainsi, est-ce un restaurateur alsacien qui a eu l'idée
de créer la choucroute de poissons. Mais il n'en reste pas moins que
la véritable choucroute traditionnelle, celle qu'on mange avec un bock
de bière s'accompagne de palette de porc fumé, d'un jambonneau,
de lard frais et fumé, de saucisses de Montbéliard, de Francfort
et de Morteau, sans oublier le laurier, les quelques grains de coriandre, la
cuillerée à café de cumin, les clous de girofle et le
petit verre de vin blanc qui en font toute la saveur.